Cocu-soumis
La demande en
mariage 2.
Il est presque
19 heures, tous les employés ont quitté l’usine, il est temps pour moi d’entrer en action. Pierre, fidèle à ses habitudes, est le dernier à partir, il ne m’a pas vu depuis un bon moment et doit
penser que je suis rentrée. Je n’ai pas besoin de lui dire quand je quitte le bureau, c’est l’avantage d’être la petite amie du patron, même si j’évite de le faire trop souvent pour éviter les
rumeurs. Je pianote un SMS : « suis aux archives, rejoints moi ».
Mon cœur bat la
chamade, je m’apprête à me dévoiler comme jamais je me suis dévoilée. Mais s’il veut m’épouser, il doit m’accepter comme je suis, il doit connaître intimement la femme avec qui il veut partager
le reste de ses jours, c’est bien le principe du mariage que je sache. Depuis trois mois, nous vivons une passion torride, mais les recoins intimes de nos âmes sont encore inaccessibles l’un à
l’autre. Est-ce bien raisonnable dans ce cas de se marier ?
Les archives sont constituées d’un long couloir bordé de part
et d’autre de rayonnages impressionnants de dossiers. Il y a une table et deux chaises, rien d’autre. J’ai disposé sur la table les ustensiles qui vont m’être utiles à la réalisation de mon
scénario, et je sens en les regardant, l’anxiété me nouer l’estomac. Il y a une cravache, des cordelettes, des menottes, et un gode ceinture. C’est ce dernier gadget qui me met mal à l’aise. Je
l’ai déjà utilisé, et avec grand plaisir, mais toujours sur des femmes. Comment va réagir Pierre à la vue du godemichet ? Son orgueil de mâle pourrait le bloquer, et il pourrait fort bien
se refuser à moi.
Pour la
cravache et les liens prévus pour l’attacher, je me faits moins de soucis. Il est de nature soumise, il y a des signes qui ne trompent pas. Il aime les rapports de force dans nos rapports
intimes, être immobilisé sous moi, se retrouver obligé de me lécher, pris dans l’étau de mes cuisses, prisonnier. Il aime les mots crus, mais que
ce soit moi qui les lui adresse, pour l’insulter ou le rabaisser. Il est soumis, j’en suis persuadée, mais jusqu’à quel point ?
Je ne vais pas
tarder à le savoir, je l’entends descendre l’escalier. Malgré l’appréhension, l’excitation est bien présente. J’aime ces jeux de domination et de pouvoir, prendre le contrôle d’un être, le
mener à la baguette avant de le mener à l’orgasme. Une douce chaleur s’est installée dans mon bas ventre depuis que je tourne en rond dans cette salle à attendre et imaginer Pierre en victime
expiatoire et consentante. M’obéira-t-il sans rechigner ? Tentera-t-il de résister ? Est il endurant à la douleur ?
Toutes ces
questions me traversent l’esprit en même temps, m’embrouillent et accroissent ma fébrilité. Je pose le pied sur la chaise pour mettre en valeur la
pointe vertigineuse de mes escarpins, me donner une constance. J’ai mis pour l’occasion les Gucchi magnifiques, en cuir verni, qu’il m’a offert la semaine dernière, un cadeau qui, j’en suis
sûre, révèle un certain fétichisme pour le pied féminin.
Mon imper
s’ouvre et dévoile ma jambe gainée de bas noirs, révélant du même coup mon absence de robe ou de jupe. Je ne porte sous mon trenchcoat qu’un body string en cuir, suggestif et sexy, qui m’a
toujours valu d’être honorée comme une reine.
Pierre pénètre
dans la pièce avant que je ne rabatte les pans de mon trench le long de ma cuisse. Il a vu mes bas et a pu se rendre compte que je ne portais rien en dessous. La surprise se lit sur son visage.
Je me retiens de rire à la vue de son expression. L’effet produit me rassure quant à mon pouvoir de séduction. Dans cette posture altière et provocante, je suis la plus désirable des femmes. Je
garde un visage fermé et hautain, mon regard plein d’arrogance l’intrigue tout autant que la tenue légère que je porte. Mais il est radieux, souriant et plus qu’intéressé par la
« marchandise ».
- Eh bien eh
bien, voyez vous cela. Que me vaut cet honneur ?
Ma cuisse
offerte et dénudée accapare son attention. Il s’approche d’un pas lent, le regard pétillant d’excitation.
- Humm, tu es
sublime, dit il d’un air admirateur. D’une sensualité remarquable !
Je garde le
silence, consciente d’accroître ainsi mon côté mystérieux, mais je suis heureuse de l’entendre vanter ma sensualité. Cela me conforte pour la suite. Il s’approche de la table, de plus en plus
intrigué, et j’ai les yeux braqués sur lui. Je veux voir sa réaction lorsqu’il découvrira le gode, les menottes et la cravache.
- J’ignorais
que j’avais embauché une secrétaire aussi vicieuse, dit il sur le ton de la plaisanterie. Si madame Storen savait que tu te promènes sans rien dessous ton imper, elle ferait une
attaque.
Madame Storen
est la secrétaire de direction, ma chef directe, la numéro deux de l’entreprise. A 55 ans, elle est de la vieille école, vieille fille, mais non
dénuée d’un charme désuet. Il n’a pas tort, elle qui est toujours tirée à quatre épingles, et tellement à cheval sur les apparences et les principes, elle s’étranglerait de me voir ainsi vêtue…
ou dévêtue..
Son regard se
porte sur la table, ses yeux s’écarquillent, ses lèvres se pincent sous l’effet de la surprise. Y-a-t-il de la contrariété, une appréhension, de la déception ??? Je ne décèle aucun de ces
sentiments, mais beaucoup de curiosité, de surprise et … d’intérêt… Oui, je vois son œil briller d’intérêt.
Il passe la
main sur la cravache, puis sur les cordes, me regarde avec un oeil nouveau, comme s’il découvrait une nouvelle Justine, ce qui est le but de mon petit scénario, puis il soulève les menottes
d’un air impressionné et me demande d’une voix qui a perdu de son assurance.
- Ce sont des
vraies ?
-
Oui.
Réponse
lapidaire, timbre de voix glacé, posture impeccable, je n’ai pas bougé un cil, je ne le quitte pas des yeux, mon attitude l’intrigue et l’intimide. Je me sens de plus en plus forte, chaque
seconde passée me conforte dans l’identité que je m’apprête à endosser : celle d’une maîtresse perverse et autoritaire, manipulatrice et cruelle. L’excitation s’empare de moi, depuis mon
bas ventre qui me brûle, mon sexe qui s’humidifie, mon pouls qui s’accélère, mes cuisses tétanisées par la posture mais frémissante de désir. Mon corps réclame son lot de plaisir.
Sam 9 nov 2013
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