Cocu-soumis
Bruno n’est pas désagréable. Dans mon « malheur », Déborah aurait pu trouver pire. Et d’ailleurs, dans les années qui sont suivi, il y a eu bien pire… Des types vulgaires, douteux, pervers ou crasseux, il y en a eu des dizaines… Il est sympa Bruno, décontracté et intelligent, il a le tact de ne pas répondre aux yeux doux que lui lance Déborah.
Les choses dérapent lorsque le maître d’hôtel vient prendre la commande.
- Je vais prendre une pizza, dit elle. Et lorsque le serveur se tourne vers moi pour prendre ma commande, elle me devance et choisit à ma place. Pour toi mon chéri, ce sera une salade mimosa.
- Et en plat principal ? s’étonne le serveur.
- C’est tout pour lui, réplique ma femme.
Je baisse les yeux pour fuir le regard circonspect de Bruno.
- La salade mimosa se compose d’un œuf dur et de salade verte uniquement, explique le maître d’hôtel. Ce n’est pas très copieux.
- Cela fera l’affaire, ne vous inquiétez pas, il a des réserves, répond elle en me tapotant le bas ventre.
J’ai un léger embonpoint mais je ne suis pas gros. Je suis mal à l’aise mais ce n’est pas la première fois qu’elle me fait le coup. C’est elle qui choisit ce que je mange à chaque sortie et je n’ai rien à dire. C’est la présence de Bruno qui me dérange surtout.
- Et en boisson ? demande le serveur en regardant Bruno.
Après la gifle qu’il a surprise en entrant tout à l’heure, lui ne se pose plus la question de savoir qui porte la culotte dans notre couple.
- Puisque tu as pris une pizza, que dirais tu d’un vin italien ? (puis se tournant poliment dans ma direction, il ajoute). Charles qu’en pensez vous ?
Il la tutoie, mais moi, il me vouvoie. De même, il s’est adressé à elle avant car il a déjà deviné que c’était elle qui dirigeait notre couple. Moi, il me demande juste par politesse. Mais aurait il pu en être autrement après la démonstration qu’elle vient de lui faire ?
- De toutes façons, il ne boit d’alcool, rétorque ma femme. Vous pouvez lui reprendre le verre à vin, ajoute-t-elle en tendant le verre au serveur. Pour lui, une eau plate en carafe, ça ira. Merci.
Médusé, le maître d’hôtel tourne les talons, et je fais l’homme blasé en regardant autour de moi et en m’efforçant de ne pas rougir. J’y parviens difficilement.
- Des problèmes de santé, interroge Bruno qui ne veut peut être pas encore s’avouer la vérité. Ou alors je le soupçonne presque d’en rajouter pour m’humilier (dans ce genre de situation, on peut vite devenir parano). Vous suivez un régime, non ?
Je saute sur l’occasion qu’il me donne pour essayer de sauver les apparences.
- Oui, c’est ça, je suis un régime. Mais je n’ai pas de problème de santé… Enfin peut être un peu de cholestérol, rien de bien méchant.
Bruno fait « ah je comprends » et cela ne plaît pas du tout à mon épouse.
- Charles fait avant tout ce que je lui dis de faire et il m’obéit, juste pour m’être agréable. Il n’a pas de problème de santé, il fait régime parce qu’il commence à avoir du bide, c’est tout, c’est comme ça… Inutile de tourner autour du pot. Pas vrai mon chéri ?
Cela a au moins le mérite d’être clair. Je voudrai disparaître, et cette fois, je ne peux contenir de grosses rougeurs qui trahissent à la fois mon embarras et le fait que mon épouse dit bien la vérité. Je me sens plus stupide que jamais lorsque je réponds un « oui chérie » en essayant d’avoir l’air naturel. Est-ce naturel d’admettre qu’on obéit à sa femme ?
Charles
Pour toi, mon chéri, c’est devenu un aveu classique. Tous les amants que tu as eu l’honneur de rencontrer par la suite ont su quelle petite lopette soumise tu étais. Certains en ont même profité, mais nous raconterons cela en temps et en heure. Pour ce qui est de cet instant précis, cette première humiliation devant mon premier amant, je suis dans un état d’excitation inimaginable. J’ai la troublante impression d’avoir fait pipi dans ma culotte. Je ne pensais pas pouvoir jouir en humiliant ainsi mon époux devant d’autres personnes. Je pousse alors le jeu un peu plus loin. Je saisis la main de Bruno qui est face à moi tout en souriant à Charles qui se trouve à mes côtés.
- Tu ne devineras jamais d’où nous sortons avant d’arriver, dis-je sur le ton de la plaisanterie en caressant les doigts de Bruno.
Bruno est gêné par mes avances peu discrètes. Il retire sa main et se coupe un morceau de steak.
- Comment pourrai-je le savoir ? répond il avant d’enfourner sa fourchette.
Je sens une pointe de provocation dans sa réponse. Il prend conscience qu’il est le troisième larron d’un jeu dont il ne saisit pas encore toutes les règles. Peut être même croit il qu’il va faire de la figuration ? Allons, allons Bruno, un peu de patience, c’est toit le grand gagnant du jeu, c’est toi qui va tirer le gros lot.
- Nous sortons de l’institut de beauté figure toi !
- Ah ? répond Bruno la bouche encore pleine. Tu t’es fait refaire le maillot ? plaisante-t-il.
- Non, pas moi… Mon mari.
Je me tourne alors vers Charles, je suis hilare. Mais mon pauvre petit époux, lui, ne sait plus où se mettre. Bruno, lui, m’observe, d’un air vraiment intéressé. Il est en train de prendre conscience que la jeune femme timide avec qui il a flirté il y a quelques années n’a plus rien à voir avec la garce moqueuse et excitée qu’il a en face de lui. Je donne alors quelques détails croustillants.
- Il s’est fait faire la totale. (Est-ce l’alcool ? L’excitation ? L’ambiance ? Je me sens euphorique). Plus un poil sur le caillou ! Un vrai zizi de petit garçon ! Pas vrai Charles ? Dis lui… j’ai l’impression qu’il ne me croit pas.
- Oui, oui, c’est vrai… Mais bon, je ne suis pas sûr que ça l’intéresse.
- Mais si voyons. (Je vide mon verre de Chianti et j’ajoute). Et le cul aussi. Plus un seul poil, une vraie peau de bébé.
Désormais, Bruno me mange des yeux. Je le sens excité, il a compris à quel genre de femme il avait à faire. Il a compris aussi que mon mari n’était pas un danger pour lui, et sûrement pas une entrave à une bonne partie de jambes en l’air. Il reprend espoir, et moi je mouille… Je mouille…
Déborah dit être excitée au dernier degré. Qu'y a t il du point de vue psychologique derrière ce plaisir selon vous? La joie de se venger au centuple, la satisfaction de savoir Charles détruit, la certitude de ne plus ressentir d'affection à son endroit, autres?
Je suis curieux de voir la suite et comment va se jouer la partition. Bravo pour la narration à deux mains.
hummmmmmmm...grand moment de solitude pour Charles..lol
Quant à Déborah, quelle démonstration, j'en mouille de plaisir...:)
bonne continuation
bisous à vous 2
Ce blog commence vraiment à prendre de l'allure, j'espère que vous tiendrez la longueur. Mais pourquoi en douter ?
Merci en tout cas pour ces beaux textes!