Cocu-soumis
La mère de
la mariée
A ce stade du récit, il est temps pour moi d’apporter quelques éclaircissements. Etant donné le drôle de couple
que nous formons désormais, mon cher mari, vous l’aurez compris ne pourra pas être témoin de toutes les turpitudes de notre couple, et quand je dis couple, je pense à mes
turpitudes bien sûr. Pour lui, ce sera ceinture. D’un commun accord, nous avons donc décidé que je prendrai la plume à mon tour pour donner mon éclairage sur certaines
parties de notre vie, inaccessible pour lui. Nous nous sommes mariés à cette seule condition de ne rien nous cacher. Mes sentiments, mes états d’âme, mes plaisirs
extra-conjugaux, je veux tout relater, ne rien vous cacher. Permettez que cette première intervention prenne la forme d’un flash back. Un petit retour dans le passé pour
raconter comment j’ai accepté d’épouser mon cher époux…
***
Je suis excitée par tous les préparatifs
de ma mise en scène et passe ma journée au bureau à peaufiner mon scénario. Je dois absolument lui faire partager mon excitation, faire oublier la question posée la veille
au soir et restée sans réponse.
- Justine,
souhaites tu devenir ma femme ?
Il m’a
demandé en mariage, à genoux, en respectant le protocole et en m’offrant un diamant magnifique. Il m’a prise au dépourvu et je n’ai su que répondre. J’ai fini par dire, plus
embarrassée qu’emballée.
- J’avoue
que c’est très subit, je ne m’y attendais pas (ce qui était vrai, nous ne sortions ensemble que depuis trois mois). Je suis désolée, la bague est magnifique, j’ai besoin
d’un délai de réflexion.
Pierre a
parfaitement dissimulé sa déception, et je vais lui donner ma réponse dans moins d’une heure, juste après le bureau. Ce midi, j’en ai parlé à maman, sa réponse fut
limpide.
- Il
t’aime, il est ton patron, et il est à la tête d’une fortune considérable. Si tu as des sentiments pour lui, excuse moi de te dire que j’ai eu des réponses plus difficiles à
donner dans ma vie.
C’est ma
mère tout crachée, directe, sans fioriture, brute de décoffrage. Je sais que j’ai moi aussi hérité de ce caractère. Je ne m’embarrasse donc pas de fausse pudeur pour lui
révéler le fond de ma pensée, et l’objet de mon hésitation.
- Je
l’aime, ça oui, j’en suis sûre. Mais Il a déjà été marié deux fois, et moi-même je me demande, si je peux être la femme d’un seul homme.
- Tu
l’aimes et il t’aime, tout le reste n’est que petits arrangements entre couple.
J’ai
souri.
- Petits
arrangements, comme tu y vas ! Je te parle de fidélité tout de même. Evidemment, toi avec papa, ça t’a jamais dérangé d’aller voir ailleurs.
- Dois-je
y relever une pointe de condamnation ?
- Non, ça
vous regarde, ce sont vos affaires.
-
Exactement. Ce sont nos affaires. Sache pour ta gouverne, ma petite fille, que ton père savait à quoi s‘attendre en m’épousant. C’est ce que j’appelle « les petits
arrangements entre couples ». Si pour toi, il est essentiel de garder cette liberté dans le couple, et qu’il est pour toi
tout aussi essentiel de ne pas lui dissimuler cette part de ta personnalité, alors dis lui. La balle sera alors dans son camp. Soit il t’accepte comme tu es, soit il vaut
mieux que tu renonces à te marier.
Ma mère a
toujours été de bon conseil. J’ai donc décidé de jouer franc jeu avec Pierre, lui révéler mon « moi intime », lui confier mes doutes, mes craintes et peut être
aussi mes fantasmes, cela dépendra de la tournure des événements. Mais je lui réserve une telle soirée que je ne l’imagine pas repousser mes avances et refuser le contrat de
mariage que je m’apprête à lui soumettre.
Ven 8 nov 2013
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