Les consentements (2)
J’admire Justine
dans sa robe fourreau blanche qui lui fait un cul splendide et je me dis qu’aujourd’hui, je suis le roi du monde : j’ai épousé la plus belle femme de la terre. Une femme qui va me faire
souffrir de par son inaccessible proximité. Car j’ai oublié de signaler un point essentiel de mon caractère : je suis profondément masochiste… Pas de ceux qui aiment souffrir physiquement,
encore que si, un peu tout de même… Non, un masochiste de l’âme, un torturé de l’esprit, un écorché vif, un homme qui ne peut jouir et s’épanouir que dans des relations tortueuses et perverses.
En cela, Justine est mon âme damnée, la maîtresse qu’il me faut, l’épouse infidèle et sadique. Nous sommes faits pour nous entendre, et de cette complémentarité grandit l’amour. Elle se penche
pour signer le registre communal et mon regard, comme celui de bien des invités, plonge dans son décolleté pigeonnant. Elle a des seins superbes, ma femme, et dans cette robe, elle ferait
tourner de l’œil à n’importe quelle pédale endurcie.
A notre sortie, devant la mairie, nous sommes accueillis par les traditionnels
lancers de riz, et avant de nous frayer un chemin dans la foule, nous répondons à la demande du baiser. Mes dernières pensées m’ont échauffé les sens, j’en profite pour lui donner un vrai
baiser. Ses lèvres sont douces comme un fruit pelé, à la fois tièdes et humides. Je goûte à sa pulpe, puis à sa langue que je parviens à atteindre. Elle est douce et virevoltante, un peu à son
image, vive et insaisissable. Son haleine, ses dents, son palais, que j’explore avec force passion dégagent une fraicheur qui contraste avec ses lèvres, comme si elle venait de se brosser les
dents ou mâcher un hollywood chewing gum. Je sens le désir monter en moi, malgré la proximité bruyante de nos invités.
Justine,
probablement surprise par cet excès passionnel, met fin à ce baiser en me lançant un regard narquois. Je lis en elle la promesse de mille passions torrides avant qu’elle ne jette son bouquet
aux jeunes filles d’honneur qui sollicitent son attention. Puis c’est le traditionnel bain de foule.
Nous saluons les
personnes que nous n’avons pas encore eu le temps de saluer, nous extasiant sur ce temps magnifique, les remerciant aussi d’être venus de si loin, puis à court de banalités, nous passons aux
suivants. Nous n’échappons pas au rituel des photos, pas un ne peut penser que cette blonde superbe qui pose à mes côtés ne sera jamais mienne. Elle est ma femme, et ce sera à partir de ce jour
la seule femme que je ne possèderai jamais. Je ne pense qu’à ça, ça me rend fou, ça m’excite.
Et elle ? A
quoi pense-t-elle ?
J’aperçois sur la
place, notre Rolls Royce magnifique, une Excalibur série III, blanche et rutilante, et l’idée me vient de jouer à l’amoureux transit, celui qui enlève sa nouvelle épouse devant la foule
heureuse et ébahie. Je ne me risquerai pas à la porter, même si l’intention me traverse l’esprit, mais je lui saisis le poignet et l’arrache à ses amis avec qui elle converse depuis trop
longtemps.
- Nous vous
donnons tous rendez vous dans le parc du château pour le vin d’honneur !
Notre départ,
précipité et romantique, est ponctué de cris et de sifflets, probablement de la part de la famille de Justine car la mienne est bien trop guindée pour se livrer à de pareils agissements. Vous
l’aurez deviné à la lecture de mon particule, et maintenant au parc de notre château, je suis d’origine aristocrate. Les effusions ne font pas partie de notre mode de vie. Dans notre milieu,
nous sommes éduqués pour maîtriser toujours nos émotions. Etre pondéré est essentiel et doit guider chacun de nos actes. On voit où cela m’a mené : l’excès, la débauche, la perversité la
plus extrême.
Notre chauffeur,
livré avec la voiture, un parfait inconnu à la moustache lissée, en jaquette et haut de forme, nous ouvre la porte de notre limousine en nous souhaitant tout le bonheur du monde. Notre bonheur,
à cet instant, c’est de nous extirper de la foule, nous échapper pour quelques minutes, partager un peu d’intimité. Mais il nous faut attendre 20 bonnes minutes que tous nos convives aient regagné leurs véhicules pour que le cortège s’ébranle enfin. Je lui déclare ma flamme au moment où nous démarrons.
- Ma chérie, je
n’ai pas eu l’occasion de te le dire, mais tu es ravissante.
- Merci, me sourit
elle, le regard pétillant de joie et de malice. Tu n’es pas mal non plus.
Elle dépose un
chaste baiser sur mes lèvres puis adresse un petit signe de main à la voiture derrière nous. Je me retourne et je vois ses petits neveux qui l’interpellent depuis la vitre. Je passe une main
douce et caressante sur sa nuque et d’une très légère pression des doigts, tente d’accaparer son attention.
- Je veux être
pour ma femme, le plus beau des maris, dis-je lorsqu’elle se retourne enfin. Je veux qu’elle ait à ses côtés un époux qui soit digne de sa beauté.
- Oui,
souffle-t-elle en jetant un coup d’œil au chauffeur, qui garde les yeux rivés sur la route. J’ai maintenant un beau petit mari, mais un mari qui ne pourra jamais baiser sa femme, un mari qui
devra se contenter de regarder sans consommer, un mari destiné à être cocu toute sa vie. C’est officiel depuis une heure, ajoute-t-elle en me montrant son alliance.
Un concert de
klaxon brise le charme de sa confidence et nous ramène à la célébration de notre union. Si à cet instant précis ils avaient pu entendre Justine, que penseraient ils ? Que penser d’une
belle jeune femme qui promet à son mari le jour de son mariage qu’il va être cocu toute sa vie ? Que c’est une belle salope… Une garce. Et que penser du mari qui accepte d’épouser une
femme qui va lui interdire tout rapport sexuel avec elle ? Qu’il est fou, qu’il est con… Oui, je suis fou, et je suis con aussi, penseront la plupart des hommes, mais je suis le con le
plus heureux de la terre.
- J’ai hâte de te
voir avec un autre homme.
Justine sourit et
me lance son petit regard d’allumeuse.
- Et moi donc, je
suis toute mouillée.
Son aveu me fait l’effet d’une bombe. Savoir que Justine partage le même désir
décuple mon excitation. Cette complicité intime qui nous transcende depuis des mois est le secret de notre couple, nous avons décidé aujourd’hui d’en faire le ciment de notre mariage.
Elle se dandine
sur son siège pour remonter sa robe le long des cuisses. Je la regarde un peu hébété, fasciné par ce qu’elle s’apprête à faire. Ses bas voile couleur chair, laissent apparaître leur lisière de
dentelles sombres. Ma queue frémit de désir. Justine jette un œil au chauffeur et passe une main entre ses cuisses. Elle me voit déglutir avec difficulté, ce qui la fait pouffer de rire. Un
petit rire cristallin, délicieux, presque innocent. Elle se touche devant moi, dans notre limousine nuptiale, juste derrière notre chauffeur, imperturbable. Elle ferme les yeux sous l’effet
probable de sa caresse et je ne peux m’empêcher de porter la main sur mon entrejambe. Je bande.
- Attention de pas
jouir dans ton slip, me murmure-t-elle en sortant la main de ses cuisses. Une tache au zizi sur le costume du marié, ça ferait mauvais genre.
Je ricane, mais je
suis sevré de jouissance depuis tellement longtemps que l’hypothèse n’est pas si farfelue. Il ne me faudrait pas grand chose pour que j’explose dans mon petit slip de résilles transparentes.
Justine décide de la fréquence de mes jouissances et choisit mes sous vêtements. Cela fait dix jours que je n’ai pas joui et depuis la décision de nous marier il y a trois mois, je ne porte
plus que de petits slips très féminins.
Le dégénéré fin de race est le barbu - car ça ne peut être qu'un barbu - qui a écrit ça !