Les consentements
(3)
Elle m’enlace
tendrement sous le regard goguenard du chauffeur, et en profite pour me coller ses doigts sous le nez. Ils sont trempés de mouille, gluant de son jus d’amour, et ils dégagent un fumet intime
qui affole mes sens.
- Tu sens comme je
mouille, me glisse-t-elle au creux de l’oreille.
- Salope.
- Oui, mais c’est
ce que tu aimes mon cochon. Dis moi que tu aimes que ta femme soit une salope.
De tels propos
ainsi chuchotés font encore monter la température dans la limousine. Elle approche ses doigts de ma bouche et force le barrage de mes lèvres. Je les accueille dans ma bouche avec grand
plaisir.
- Vas-y, lèche
les, soupire-t-elle langoureusement. Nettoie les !
Ma
langue s’applique à les nettoyer avec passion. Je me régale du goût de sa chatte et trouve délicieusement humiliant de devoir lécher ses sécrétions devant le chauffeur qui nous observe
désormais par le biais du rétroviseur.
- J’adore que ma
femme soit une salope, murmurai-je lorsque Justine daigne enfin ressortir ses doigts de mon gosier.
Je l’admire pour
ce qu’elle est désormais, ma femme et ma maîtresse, j’ai décidé de lui remettre les clés de ma destinée et de mon bonheur, jamais prisonnier ne s’est livré à son bourreau avec tant de plaisir
et d’impatience. Je la trouve si belle et si naturelle dans sa robe de mariée. Le satin épouse à merveille les courbes de son corps, lui faisant un déhanché superbe. Le haut de la robe, tout en
dentelles est incroyablement sexy. Le bustier lui fait un décolleté incroyable, une poitrine de reine, une icône de publicité pour des robes de mariée. Et ce joli voile blanc dans ses boucles
blondes achèvent le tableau. Je la désire ardemment, et peut être plus encore parce que je ne la possèderai jamais. Etrange paradoxe de ma personnalité, mais incontestablement le secret de notre bonheur.
- Je bande.
Elle a des yeux
gris bleu magnifiques et l’intensité de son regard est soulignée par un maquillage discret mais efficace. Les yeux sont la vitrine de l’âme, c’est vrai. Je lis en elle le plaisir de susciter
ainsi mon excitation, mais aussi un amour profond et sincère. Son regard devance ses mots.
- Je
t’aime.
Nouveau concert de
klaxon pour ponctuer sa déclaration. Cette fois notre chauffeur répond par une série de coups brefs et mélodieux. Au prix de la location de notre Excalibur, le klaxon peut trompeter de manière
originale. Nous pénétrons dans la forêt qui borde notre propriété, nous n’allons plus tarder à arriver.
Je profite de nos
derniers instants d’intimité pour excuser l’attitude de mes parents à son égard. Ils tirent une tronche si dépitée qu’aucun convive ne peut ignorer leurs sentiments sur notre union.
- On les croirait
à un enterrement, je suis vraiment désolé qu’ils n’aient pas fait un petit effort le jour de notre mariage.
- Je suis la
vilaine roturière qui a volé leur fils, répond elle sur le ton de la plaisanterie. Je me souviendrai toute ma vie de leur descente de mine lorsque tu m’as présenté et que tu leur as dit que
j’étais secrétaire adjointe dans ton entreprise. Ta mère s’est tenue au meuble pour ne pas tomber, et j’ai cru que ton père allait faire une attaque.
Je souris en me
remémorant ce jour terrible et drôle. C’est vrai qu’ils ont frôlé l’infarctus, et qu’avec le recul on peut trouver leur réaction digne de figurer dans un film comique. Mieux vaut en rire qu’en
pleurer ! Mais ce jour là, je les ai détestés pour l’affront qu’ils lui ont infligé. Ils l’ont à peine salué, à peine regardé, comment toléré leur morgue, accepté cette humiliation ?
Même après trois mois, je leur en veux encore.
- Ils croient que
je t’ai épousé pour ton argent, ça ne me gêne pas qu’ils le pensent, tu sais que je me fiche de ce que pensent les autres.
- Oui, mais ils se
sont trompés de femme. Ce n’est pas toi qui m’a épousé pour mon argent, c’est Ingrid. (Ingrid est ma seconde femme) Et Ingrid, c’est eux qui me l’ont présenté. C’est eux qui ont organisé le
mariage du début à la fin, et on a vu ce que cela a donné. Un fiasco. Est-ce que je leur en veux pour autant de me l’avoir mis dans les pattes ? Non, et pourtant j’aurai vraiment de quoi.
Ah c’est sûr nous étions du même monde, une famille honorable, des ancêtres qui ont inscrit leur nom aux côtés de Charles X, ça oui, j’en ai entendu de belles sur leur particule et leur
patrimoine.
- Sauf qu’au
quotidien, le patrimoine de la belle famille, on s’en fout un peu ! dit elle en mettant un peu d’ordre dans sa tenue. Tu comprends donc que je me fiche de ce que peuvent penser tes
parents. S’ils finissent par m’apprécier, tant mieux, sinon temps pis.
J’acquiesce en
souriant d’un air peu convaincu. Nous pénétrons dans le parc de notre propriété familiale, et cette arrivée est saluée par un tintamarre d’avertisseurs, tous plus stridents les uns que les
autres.
La limousine nous
dépose devant les grandes marches du château, une grande gentilhommière du début du XIXème siècle, en réalité un ancien logis royal qui servait de pavillon de chasse à Henri IV lorsqu’il
retournait dans sa Navarre natale. Tout a été brûlé pendant la révolution et reconstruit par notre illustre famille sous le premier empire. Notre conducteur ouvre la portière de l’Excalibur et
Justine descend telle une reine, majestueuse et sensuelle.
Je la regarde
rejoindre sa mère, qui l’étreint pour la dixième fois de la journée sur le perron. Cathy, ma chère belle mère, a travaillé deux ans pour ma boîte dans le service entretien avant que son
entreprise ne fasse faillite. Aujourd’hui, à 47 ans, elle n’a toujours pas retrouvé de travail et doit se contenter pour vivre de quelques ménages au noir, et de la pré-retraite de mon beau
père. Elle m’adresse ce clin d’œil qui a le don de me mettre mal à l’aise, comme si nous partagions un lourd secret. A chacune de nos rencontres, elle me gratifie de ce clin d’œil et à chaque
fois, je me demande bien pourquoi, aujourd’hui plus que tout autre jour.